Devoir de mémoire

La méthode THOLLOIS

De notre collègue Pierre Clévy(promo 46-60) en hommage à son grand-père.:

 

L'alphabet « Thollois » – Je pratique "la Pédagogie Jean qui Rit"

https://jepratiquejeanquirit.com/2017/01/03/lalphabet-thollois/

 

Bien avant notre "dictée sans crayon", d'autres avaient pensé à utiliser les lettres mobiles pour apprendre à lire. Au 19è siècle(1889), un ancien instituteur de l'Yonne, Monsieur Louis Thollois, créa une "méthode universelle de lecture, d'orthographe et de calcul au moyen de caractères mobiles".

 

La Méthode THOLLOIS

 

Du Républicain de Joigny : Les alphabets mobiles à l'Ecole maternelle.

La lecture était autrefois l’enseignement le plus pénible et plus lent de l’école primaire, celui qui inspirait le plus de répulsion aux enfants et mettait à plus rude épreuve la patience du maître.

Tous ceux de notre âge se souviennent des ennuis qu’il leur a causés, des punitions qu’il leur a values, des larmes qu’il leur a fait répandre. Néanmoins on mettait généralement deux ou trois années pour apprendre à lire à peu près couramment. Chaque jour ramenait les longs et fastidieux exercices de lecture aux tableaux imprimés, suspendus au mur ou d’épellation dans des livres incompréhensibles. Aujourd’hui, grâce au perfectionnement des méthodes et des procédés employés on arrive de diverses façons en moins de temps avec moins d'effort, moins de fatigue, moins d'ennui à apprendre à lire aux tout jeunes enfants.

Avec les alphabets mobiles Thollois les résultats que l'on obtient, lorsque les enfants sont bien dirigés sont surprenants, voici comme on procède :

Chaque enfant est pourvu d’une jolie boite en bois très solide, divisée en compartiments où sont contenues des lettres mobiles collées sur zinc. Tous les élèves de la division que l’on fait travailler cherchent, avec leurs lettres mobiles, à reproduire sur la tablette du casier le mot que le maître a formé avec de grandes lettres qui servent de modèle sur un casier-tableau placé devant tous les bambins. On fait écrire papa, maman, salade, mouton, cheval, poule, jardin, etc., etc., des mots familiers à l’enfant ; il les prononce en même temps. Son oeil s’y habitue et il retrouve facilement les lettres nécessaires à la formation de chaque mot dont il apprend ainsi l'orthographe.

On comprend combien le maniement des lettres mobiles exerce son intelligence et sa vivacité. Il habitue l’enfant a être actif, à avoir de l’ordre : c’est le travail1 manuel par excellence.

Quelle joie quand il arrive à composer un mot plus vite que son camarade ; il y a émulation ; la discipline est d’autant plus facile que les enfants sont constamment et surtout agréablement occupés.

Rien de plus curieux que de voir 10, 20, 30, 40 enfants de cinq à six ans travailler aux casiers, on dirait des petits compositeurs préparant un journal.

Aussi, bientôt toutes les écoles maternelles, toutes les petites classes, toutes les familles se serviront de cet ingénieux procédé qui, tout en amusant les enfants, leur apprend à lire et à compter beaucoup plus vite que tous les moyens employés jusqu’à ce jour.

 

De l'instituteur français : Sur la méthode Thollois.

Sous les auspices du directeur de l'enseignement, M. Thollois vient d’expérimenter, à l’Ecole annexe de l’Ecole normale d’Auteuil, à l’Ecole maternelle annexe de l’Ecole normale des Batignolles, ainsi qu’à l’Ecole enfantine du lycée Charlemagne, un procédé qui paraît appelé à rendre des services à l’enseignement.

Le système se compose de petits casiers comme ceux dont se servent les compositeurs d'imprimerie et où sont renfermés des lettres et des chiffres. L’enfant a toujours, on le sait, la tendance de faire et défaire, bâtir et démolir. C’est sur cet instinct enfantin qu’est basée la méthode Thollois.

Les caractères sont de petites plaques de zinc que l’enfant cherche dans les compartiments du casier pour ranger en ordre et former des mots, des petites phrases. Ensuite, des nombres sur de petites tringles disposées dans le couvercle du casier, il démolit pour remettre en place, d’où exercices, mouvements dont a toujours besoin l’enfant.

Le principe semble pratique et rationnel. Pour les enfants, il y a là une distraction, et pour les maîtres une aide dont ils tireront utilement parti.

L'enseignement pratique n°14 - 2 janvier 1898

 

 

Texte retranscrit par Cheny mon village - http://www.cheny.net